L ' Estran

Ces 4 dernières années travail graphique sur les cartes marines, cartes routières du littoral, photographies aériennes des côtes, cartes postales du bord de mer ...
Ce travail d'analyse et de reconstruction de nouvelles images codifiées du rivage a conduit à une étude fine de l'estran,
et a permis de rejoindre l'analyse du plaisir de Roland Barthes à propos de la lecture de Sade              ("Le Plaisir du Texte").
Travail sur les limites, leurs représentations, leurs transgressions

Modus operandi :
1) Collecte dans les laisses de haute mer des morceaux d'épave.
2) Identification de chaque morceau .
Cette identification permet le passage de l'état de morceau à celui de pièce. L'épave, chargée d'un passé douloureux, se transforme en élément d'une construction salvatrice à réaliser .
3 ) Prise de la trace structurale par frottage.
(technique inventée à Pornic par Max Ernst)
4) Prise de la trace formelle du contour de la pièce. .
5) Matérialisation par la peinture de l'espace infime situé entre la ligne nette, indiscutable de la forme
                              ("le bord sage, conforme, plagiaire... ")
et une ligne floue, fluctuante, incertaine, subversive laissée par le passage de la craie grasse
                                          ("l'autre bord, mobile, vide
                      (apte à prendre n'importe quels contours)...").
Estran : espace de plaisirs, de vacances, de "libertés".
Peinture : espace de plaisir, ...
6) Assemblage de toutes les pièces entre elles en forme de bateau (ou d'arche)

Le travail proposé lors de l'exposition
Plage des Grandes Vallées
le 30 Juin 1996

~Présentation d'une partie du travail de recherche graphique et conceptuel actuel pendant le temps d'une marée.

~Installation in situ des dernières productions.

~Détournement sémantique des cabines de bain : transformation en lieux de culte, oratoires avec ex-voto.

~Par cette action : mise à jour de l' aspect temporel de l' oeuvre avec une réflexion sur le sens même du mot épave et sur le malheur humain supposé dont elle procède.
La relique, l'icône, la station...

~Chaque morceau d'épave est répertorié :
-numéroté,
-codifié selon le matériau, les apports de fabrication...
-mesuré (longueur maximale, largeur maximale, épaisseur maximale, masse, date et lieu de sa découverte.)

~Cet ensemble des fiches d'identification forme un catalogue des pièces détachées pour l'arche à venir. Il sera placé au milieu du lieu d'exposition, comme centre de références obligeant le spectateur à un va et vient radial entre ce centre informatif et l'objet représentatif.

~Chaque fiche d'identification est accompagnée d'une photo de l'Estran (non datée, non située).
Cette association de cette fiche précise et de la photo de cet espace mouvant, fluctuant et mal défini recentre encore plus la réflexion sur l'espace étudié graphiquement.

Pornic le 20/06/96